dimanche 21 mars 2010

Les Yeux Gris se mouillent parfois.

Malgré une sorte d'insensibilité chronique qui fait que la mort d'un proche, ou quelque mauvaise annonce qui devrait me toucher profondément me laisse presque de marbre, il m'arrive de me mouiller les yeux. Si certaines causes sont assez triviales (un air écossais, un hymne national, une peinture d'un grand maître), il est une chose qui m'émeut très justement, du moins le crois-je. Le Christ. Le Christ et son sacrifice, cet amour infini et désintéressé qu'il a pour nous et qui l'a conduit sur la Croix. Je ne m'étalerais pas sur le sujet, d'autres le feront mieux que moi, et je trouve que l'exploration de ce mystère est quelque chose qui relève de ce qu'il y a de plus intime. Mais je parlerais -paradoxalement- des circonstances personnelles qui m'ont mis les pieds dans ce chemin.

Evidemment, tout a commencé avec une fille. En réalité, nous ne pouvions pas nous voir, habitant trop loin l'un de l'autre, et par ailleurs elle avait déjà quelqu'un. Je suis donc devenu son confident par -on aura beau critiquer- messagerie instantanée. Un soir, alors que nous parlions affaires de coeur, elle m'a résumé sa première expérience, quasiment forcée, avec une brute sans âme qui, le lendemain même, l'humilia en public d'une manière indescriptible tellement la perversité et la bassesse s'y mêlent avec égale horreur. Cher lecteur, tu ne te doutes pas de quelle manière ce récit m'a touché. Je me sentais honteux d'être un homme, honteux d'exister dans un monde ou de telles choses pouvaient se produire, honteux de ne rien pouvoir faire pour réparer ce crime contre cette fille pour qui j'ai énormément d'affection.

C'est alors que, de tout mon coeur, j'ai souhaité aspirer, prendre sur moi et pour moi sa douleur. De tout mon coeur, j'ai voulu prendre en moi sa peine, sa souffrance, l'acte odieux lui-même. Je pleurais comme jamais je n'ai pleuré, et, oui!, je me suis surpris à prier que ces larmes, cette affliction sincère et profonde, qui me brisais jusqu'au fond de mon âme puisse soulager la sienne. Et j'ai entrevu. Entrevu qu'il y en avait des milliers de torturées comme elle, des millions de gens qui souffraient tout aussi injustement et inutilement. Entrevu la souffrance qui afflige le monde, qu'un coeur d'homme seul jamais ne pourra porter. Et j'ai compris. Compris que c'est un coeur de dieu qui a porté cette souffrance. Compris donc, le prix du sacrifice de Jésus, compris ce qu'il a enduré pour nous, compris la peine et la souffrance immense qu'il a mis dans son coeur pour la retirer des nôtres, compris l'Amour infini qui l'animait, compris que jamais personne n'a tant souffert pour ceux qu'il a aimé.

Je crois que c'est ce jour là, grâce à cette jeune fille, que, d'une certaine manière, je me suis baptisé en mon propre coeur au nom de Jésus Christ, celui qui m'aime comme personne ne peut m'aimer, et celui qui prend de mon coeur la peine que j'ai tenté de prendre en d'autres. Jésus Christ par qui passe ma joie, sans que je n'arrive encore à le reconnaître à chaque instant, mais que je sais au fond de moi. Jésus Christ par qui ma peine se transforme bien vite en reconnaissance, car il m'en a libéré. Jésus Christ par qui j'essaye de revoir ce que je fais, et de me changer pour les autres. Jésus Christ, enfin, qui m'écoute quand je suis seul, et dont le coeur infiniment chaleureux réchauffe le mien et fait fondre tout ce qu'il y a de froid en moi, d'où les larmes de joie. Jésus Christ que je ne remercie jamais assez, mais à qui je dois tout, ingrat que je suis!



P.S.: Je vous promet que ce genre de post n'arrivera pas souvent!

samedi 20 mars 2010

Freddy, ou la maîtrise de l'esprit.

Je n'ai pas la télé. Je ne m'en porte pas beaucoup plus mal, mais je m'évite ainsi beaucoup de mauvais sang et de colères inutiles. Déjà le peu qui retombe à moi au travers de la réacosphère me débecte et me rend fou. Je me demande comment il est possible de tolérer, le plus souvent dans des pièces où l'on vit, cette boîte dont on sait qu'elle est vecteur des pires obscénités, même éteinte et débranchée. Pour la personne saine d'esprit, ayant le sens des réalités, attachée à ce qui est vrai et durable dans ce monde, et non à ce qui est mensonger et passager, cette propagande incessante et multiforme doit être comme une camisole de barbelés -camisole posée par les fous qui ont réussi à enfermer leurs gardiens- dans laquelle le plus de résistance nous vaut le plus de souffrance. Voilà pourquoi tant de personnes -le français moyen, comme on dit, qui n'est pas un mauvais bougre- préfèrent encore laisser les pointes s'installer dans leurs chairs, plutôt que de se les déchirer en cherchant à se libérer. Ils ne régissent plus, car la moindre agitation leur rappellerai que leur situation est absolument intolérable.

Mais contrairement à une véritable camisole, celle-ci n'est qu'en esprit. Pourquoi se déchire-t-on dans leur camisole? Car implicitement on l'a reconnu! J'en viens à un point important: bien trop de gens, de l'ordre matériel du monde, ont fabriqué un ordre moral ou mental en étant la parfaite transposition. Ce n'est certainement pas conscient, mais les répercussions en sont évidentes et directes, car d'une soumission forcée liée à des rapports de force économiques, politiques, sociaux, ou que sais-je, a découlé insidieusement une sorte d'esclavage mental, sous la forme de la reconnaissance et de l'intériorisation de cette situation. C'est peut-être malvenu comme comparaison, mais comme Freddy Krueger (Nightmare on Elm Street ou Les Griffes de la Nuit, pour ceux attachés aux titres français de films qui ne le sont pas), son emprise sur nous, c'est notre faiblesse à lui en laisser, ou à lui en conférer. Les blessures de ses griffes sont notre terreur bien réelle de la blessure.

Bien sûr, le fait de s'exposer quotidiennement, par habitude, à ces nocivités télévisuelles, par un effet de suggestion finit par abrutir et diminuer les capacités de résistance de l'esprit, mais cela n'implique pas en soi le processus de reconnaissance. Celui qui n'a pas peur de Freddy prévient ses attaques. Celui qui refuse la camisole mentale la fait voler en éclat: si on est maître quelque part, c'est bien dans notre tête, mais encore faut-il le réaliser et l'expérimenter. C'est par notre esprit que commence la reconquête, quelle qu'elle soit: chassez-en tout ce que vous y voyez avoir une emprise illégitime.

mercredi 17 mars 2010

Au commencement...

...il y avait la lassitude. L'ennui. Un désabus. Une désillusion.

Des yeux gris.


Je ne suis pas le seul, nous sommes toute une génération qui vit dans les ruines d'un rêve, peu importe le nom qu'on lui donne.
Je ne suis pas le seul à vouloir parler de cela, à vouloir rager, à chercher où mettre mes espoirs, et à souhaiter sur ce maintenant qui a une odeur d'éternité en décomposition un demain à mesure humaine.
Mais j'espère que je ne serais pas le seul à le lire.

Bienvenue.